Histoire du vin : Néolithique Sciences

Le programme de recherche « Ancient DNA Grape and Wine Project » (littéralement « projet d'étude sur le vin et la séquence ADN des premiers raisins ») fait intervenir des chercheurs des pays d'Europe, du Moyen-Orient et des États-Unis pour collecter les plants de vigne sauvages ou domestiques que l'on rencontre sur l'aire d'implantation d'origine de la plante, c'est-à-dire dans les régions montagneuses du Proche-Orient.

Le projet est d'établir une chronologie à partir des données génétiques obtenues par extraction et séquençage de l'ADN des plantes actuelles, mais aussi des restes de raisins mis au jour lors des fouilles. La comparaison de ces différents matériels devrait permettre de situer le lieu et de préciser la date de la domestication de la vigne eurasiatique (Vitis vinifera L. subsp. sylvestris) au Néolithique.

Afin d'affiner l'identification du vin et des autres ingrédients utilisés au cours de cette période, il est également prévu de procéder à des analyses chimiques des objets en rapport avec le vin qui ont été découverts dans cette même région : vaisselle, pressoirs, céramiques, poteries, jarres.

Les pépins de l'archéobotaniste : comment identifier la vigne ?

Les pépins de l'archéobotaniste : comment identifier la vigne ?

Résidus de pressurage, pépins fragmentés, épicarpe et pédicelles.

Le genre Vitis, la vigne en général, peut être identifié par les grains de pollen ou par les empreintes fossilisées des feuilles. Mais ces éléments ne permettent pas de distinguer Vitis vinifera des nombreuses autres espèces de vignes qui poussent dans les zones tempérées du monde. De même, la distinction entre la forme sauvage et la forme cultivée de Vitis vinifera est tout aussi difficile.

Seule l'étude de la morphologie des pépins de raisin peut apporter des réponses. Leur forme et leur taille sont des critères importants d'identification. Mais la distinction est parfois difficile, surtout lorsque les échantillons sont insuffisants ; ainsi de nombreux pépins restent-ils indéterminés.

Pour identifier les cépages issus de la vigne cultivée, l'étude des feuilles, domaine des ampélographes, ne peut être appliquée : les vestiges archéologiques ne comportent ni feuilles, ni grappes, ni baies. Pour les périodes plus récentes (âges des métaux et Antiquité), le recours aux sources écrites est incertain : les agronomes de l'Antiquité latine (Columelle, Pline) évoquent bien des cépages, mais ceux-ci n'ont pas grand-chose en commun avec les cépages d'aujourd'hui, ce qui rend les comparaisons très ardues.

Le saviez-vous ?

L’anthracologie

L'anthracologie consiste à étudier les charbons de bois découverts soit en contexte archéologique soit dans les sédimentations naturelles. Qu'ils proviennent de foyers de combustion domestiques, de la crémation volontaire ou non d'objets ou de structures en bois, ou de l'incendie de forêts, ces restes carbonisés, sont examinés au microscope.
Leur analyse et leur interprétation permettent à la fois de déterminer quelle était la végétation d'un lieu ou d'une région à l'époque où ils ont été brûlés, et l'usage qu'en faisaient les humains. Pour les périodes de la Préhistoire et de la Protohistoire, les fragments de bois de vigne sont souvent mélangés avec d'autres types de bois, ce qui rend plus difficile leur identification.

Identifier la présence de la vigne et du vin

Pour attester la domestication de la vigne et sa mise en culture, les archéologues disposent d'indices comme les pépins et les grains de raisin. C'est dans les zones montagneuses du Moyen-Orient qu'on a retrouvé des vestiges à la fois de raisins sauvages et de raisins cultivés. Pour identifier l'émergence d'une « culture » liée au vin, ils s'appuient sur des figurines d'argile modelée de représentations humaines et animales réalisées en trois dimensions dont on pense qu'elles symbolisent ou qu'elles ont pu être associées à des rituels de fertilité. Certaines ont été retrouvées aux côtés d'objets rituels se rapportant au vin, ainsi que sur de la vaisselle. De tels vestiges ont été mis à jours lors de fouilles récentes menées le long des fleuves du Tigre et de l'Euphrate sur différents sites datés de 8500 à 6000 avant notre ère.

De leur côté, les linguistes peuvent cartographier l'évolution des termes employés pour désigner le vin en suivant les apparitions, les transformations et les usages du mot d'une région à l'autre.

 
Un programme d'identification génétique de la vigne actuellement en cours de réalisation devrait permettre de fixer une chronologie plus précise de sa domestication et de sa diffusion à partir du Néolithique. Il constitue d'ores et déjà un enrichissement des connaissances sur les formes de la diversité de l'espèce à travers l'étude du génome de la vigne.

Enfin, l'analyse chimique des vases et récipients découverts sur les sites archéologiques datés du Néolithique au Proche-Orient, et notamment de Hajji Firuz (Iran), met en évidence la présence d'acide tartrique, un des principaux marqueurs d'identification du vin, de résidus de résine de térébinthe, employée pour ses propriétés bactéricides, afin d'empêcher que le vin ne se transforme en vinaigre - il s'agissait alors d'un vin résiné !