Les sites : Protohistoire Culture de la vigne à Nîmes pendant le second âge du Fer

Nîmes, Gard

Les plus anciens vestiges concernant la culture de la vigne à Nîmes datent du second âge du Fer, et plus précisément des Ve-IIIe siècles avant notre ère. Il s'agit d'un ensemble de tranchées préalables à la plantation des pieds de vigne, découvert aux abords immédiats de l'agglomération gauloise.

Le second témoin, plus ténu mais tout aussi important pour la reconnaissance d'espèces cultivées, est un pépin de raisin trouvé au fond d'un puits du Ve siècle avant notre ère parmi des restes végétaux. Il n'y en avait qu'un, mais sa morphométrie indique qu'il s'agit bien d'un pépin de vigne cultivée et non de celui d'un fruit de vigne sauvage.

Ces deux exemples permettent d'établir que la vigne était cultivée dès cette période dans la région de Nîmes, c'est-à-dire en dehors de la chora (« territoire » en grec) de Marseille. Existait-il pour autant une production de vin ? Les preuves matérielles sont encore insuffisantes pour en juger ; il est toutefois possible d'envisager que les contacts précoces avec les civilisations méditerranéennes aient permis aux Gaulois d'apprendre les méthodes de vinification. On sait que très tôt les populations du Midi consommaient du vin étranger. En témoigne la présence d'amphores étrusques et grecques, et de service à boire, cruches et coupes en céramique fine, sur les sites d'habitat. Les cratères, vases dédiés au mélange du vin, et les louches en bronze (simpula, sing. simpulum) destinées au service suggèrent que cette consommation intervenait au cours de cérémonies très codifiées, les banquets, attestant donc une forte acculturation ou du moins la perméabilité à des pratiques empruntées à d'autres cultures.

 

Pierre Séjalon (Inrap, UMR 5140 Lattes-Montpellier), Jean-Yves Breuil (Inrap, UMR 5140 Lattes-Montpellier).