Les sites : Protohistoire Le bois de vigne de Lattara

Lattes, Hérault

Les charbons de bois de vigne, issus des résidus de feu domestique, ne permettent pas la distinction entre vigne cultivée et vigne sauvage. Toutefois, dès le IVe siècle avant notre ère et jusqu'à la période romaine, ils représentent de 3 à 10 % des charbons de bois recueillis tant dans les maisons que dans les puits du site de Lattara, et cette fréquence atteste très probablement des pratiques de taille. Issus de cette activité et de la gestion viticole en général, des fragments de sarments et éventuellement de souches ont pu rejoindre les circuits du combustible, participant ainsi à notre perception d'un « environnement » fait de différentes zones d'activités : agriculture, pâturage, jardins, forêts, sansouires (étendues salées).... Par ailleurs, des éléments archéologiques et paléobotaniques convergents ne laissent aucun doute sur l'existence d'une viticulture au plus tard vers 250 avant notre ère.

Un témoin plus précis des pratiques de taille de la vigne est le bois gorgé d'eau retrouvé dans les puits de la période gallo-romaine. Ayant été constamment maintenu en milieu anaérobie depuis son rejet dans les puits, ce bois n'a pu être dégradé par les micro-organismes incapables d'y survivre. Il a bénéficié des conditions idéales de conservation de la matière organique.

Onze puits, en usage entre 30 avant notre ère et 125 de notre ère, ont été étudiés. Quatre d'entre eux contenaient de nombreux fragments de sarments de vigne présentant des sections franches. Un courson a également été rejeté dans l'un de ces puits. Selon toute vraisemblance, cette taille était pratiquée par les Lattois eux-mêmes, sinon les résidus n'auraient pas été rejetés dans divers puits de la ville.

S'il est tentant de penser que les sarments et le courson retrouvés témoignent d'une viticulture attestée par ailleurs, rien n'exclut toutefois qu'ils puissent provenir de vigne cultivée pour ses fruits, au sein même de la ville ou en périphérie, dans des jardins ou sous forme de treilles.

 

Lucie Chabal (Centre de bio-archéologie et d’écologie, UMR 5059, CNRS)