Les sites : Moderne et contemporain Les vignes oubliées des Nivelles

Meaux, Seine-et-Marne

À Meaux (Seine-et-Marne), le diagnostic archéologique réalisé en 2006 avant la construction d'un lotissement au nord-est de la ville, au lieu-dit « les Nivelles », a mis en évidence sur un rebord de plateau, une série de creusements linéaires très rapprochés. Au total, 94 éléments ont été repérées. Ce chiffre constitue un minimum dans la mesure où les vestiges, qui apparaissent directement sous la terre végétale, sont peu profondément marqués dans le terrain naturel marneux.

La majorité des segments est orientée nord-sud ; quelques-uns le sont est-ouest. Leur largeur varie entre 0,4 m et 0,6 m, et leur écartement entre 0,4 m et 0,8 m. Certains creusements présentent une largeur plus importante, illustrant de possibles recoupements. Homogène d'une structure à l'autre, le remplissage est constitué de limon argileux de couleur beige. En l'absence de mobilier datant, les données archéologiques auraient pu se limiter à ce simple constat si une étude documentaire n'avait été menée.

L'étude des archives a permis de recaler le plan de diagnostic sur le fond parcellaire des années 1820. Il montre que les segments de creusements linéaires s'inscrivent parfaitement dans les limites d'un parcellaire en forme de lanières dévolu en partie, à cette époque, à la viticulture. Les sources écrites indiquent son exploitation au moins à partir du XVIIIe siècle. Ainsi les traces linéaires repérées sont-elles interprétées comme des vestiges de plantation de vigne. Elles s'inscrivent sur une pente de 2,5 %, avec une exposition nord-ouest/sud-est.

Certains textes du XIIIe siècle décrivent le secteur comme étant environné de terres labourables, avec des vignes au sud, sur les coteaux abrupts de la vallée de la Marne. Progressivement, le vignoble s'étend sur les rebords du plateau : par exemple à la fin du XVe siècle, la maladrerie Saint-Lazare rachète 2,5 hectares de terre à un particulier pour la décomposer en plusieurs parcelles avant de les confier à des vignerons. La période révolutionnaire amorce le déclin de la culture : plusieurs propriétaires décident d'arracher leurs vignes sur des terrains qualifiés d'impropres à la viticulture. Toutefois le processus est lent et, en 1850 encore, plusieurs vignes, nouvellement plantées, côtoient les champs de céréales. Comme pour beaucoup de régions, l'épidémie de phylloxera a mis un terme définitif à ce type d'exploitation dans le dernier tiers du XIXe siècle.

 

Olivier Bauchet et David Couturier (Inrap)

Région : Ile-de-France
Département : Seine-et-Marne
Commune : Meaux
Nom du site : « Les Hauts de Chantereine »

Motif de l’opération : construction d’un lotissement
Aménageur : SIFIMEST-GISLAND
Début de l’opération : 18/01/2006
Fin de l’opération : 10/02/2006
Type d’opération : diagnostic

Responsable d’opération : David Couturier (Inrap)
Équipe de recherche : John Cornu, Sandrine Fournand, Stéphanie Lepareux-Couturier
Suivi scientifique : Danielle Magnan (SRAIF), Diane Casadéi (Inrap)

Périodes : Néolithique, Protohistoire, Antiquité, Moyen Âge, Moderne et Contemporaine